Randonnée en famille itinérante avec un âne de 5 jours dans le Queyras en autonomie

Emilie est d’origine niçoise et Fabien, d’origine bretonne. Amoureux de la nature, et encore plus de montagne, ils aiment les activités se pratiquant en montagne. Installés en Haute Savoie dès la fin de leurs études, ils ont trouvé leur pied à terre en pleine montagne dans le Beaufortain, en Savoie. Leurs deux enfants, Maylie et Sébastien ont 5 ans et 2 ans.

Emilie pratique la randonnée en montagne depuis sa naissance et l’a fait découvrir à Fabien dès leur rencontre. A deux, ils ont randonné à pied, à ski, à raquettes et ont effectué des treks en bivouac. Avec la venue de Maylie, ils ont mis le ski de rando de côté et ont remplacé la tente par les refuges, les cabanes non gardées et leur camping-car pour plus de confort et simplicité. Avec l’arrivée de Sébastien, leur cadet, ils ont recommencé les randos itinérantes en bivouac sur 2 jours et pour la première fois cet été en 2020, un trek de 5 jours avec un âne.

Ils adorent randonner en famille dans tous les massifs des Alpes françaises, le Valais Suisse mais ont une petite préférence pour le Chablais en Haute-Savoie, leur massif coup de cœur qui regorge de randonnées accessibles aux enfants et où l’on peut approcher des centaines de bouquetins.

Présentation

Qu’aimez vous dans la randonnée en famille? 

Nous aimons la randonnée en famille pour plusieurs raisons:* Tout d’abord, nous aimons réaliser tous nos loisirs ensemble et la randonnée peut facilement se pratiquer en famille, avec des enfants de tout âge.

* Nous souhaitons également partager nos passions avec nos enfants.
* De plus, nous sommes persuadés que la nature joue un rôle important dans le bon développement des enfants et leur épanouissement, et nous souhaitons que nos enfants apprennent à l’aimer et la préserver. De ce fait, la randonnée est pour nous un des moyens de passer du temps dehors, en pleine nature. Elle nous permet de faire découvrir à nos enfants toutes les merveilles de la nature.

Avec nos enfants en bas âge, il peut parfois être difficile d’avancer. Il faut s’armer de patience, marcher à leur rythme, faire de nombreuses pauses, faire preuve d’imagination pour les motiver, inventer des jeux et des histoires, les porter en plus de nos sacs à dos déjà lourds etc… Bref, autant dire que même s’il n’est pas question de performance, ce n’est pas de tout repos et ils nous arrivent encore de nous demander pourquoi nous nous lançons dans l’aventure !  Mais dès que nous déposons les sacs, le but de la randonnée atteint ou non, il suffit de regarder nos petits aventuriers jouer, crapahuter, explorer dans la nature pour comprendre que nous avons fait le bon choix de chausser nos chaussures de rando et de passer la journée ou même plusieurs jours en pleine nature.

C’est d’ailleurs pour cette raison que nous aimons tant bivouaquer. Les temps passés dans la nature sont plus nombreux et se ressourcer, vivre et partager des moments simples et heureux en famille dans la nature suffit à notre bonheur. Les bivouacs permettent également de contempler des paysages à couper le souffle (nuits étoilés, les couchers et levers du soleil), et de faire de belles rencontres avec la faune sauvage.

Vos enfants sont ils endurants et motivés pour la randonnée? 

Nos enfants (comme tous les enfants je pense) sont très endurants, bien plus que nous!  Notre fils, encore petit pour marcher durant toute la randonnée, se plaît beaucoup dans le sac à dos porte bébé. Quant à notre fille, elle est sans cesse entrain de courir, sauter, escalader mais dès qu’il s’agit de marcher pour avancer et suivre un sentier, c’est plus compliqué. Nous arrivons la plupart du temps à la motiver en jouant mais si même ses jeux préférés en randonnée, 1 2 3 soleil et jouer au guide, ne sont plus source de motivation, alors nous la portons. Il nous arrive également d’écourter notre randonnée quand nos enfants sont excédés, en gardant en tête que notre objectif n’est pas le bout de notre randonnée mais juste de passer de bons moments en montagne en famille.

Quand avez vous commencé à faire des treks en famille et comment vous vous y êtes pris?

Avec Maylie, nous avons commencé par des nuits en tente à proximité de la voiture à partir de ses 2 mois. Puis nous avons ensuite réalisé plusieurs randonnées sur 2 jours en refuges l’été, ainsi que dans des cabanes ou refuges non gardés l’hiver.
L’envie étant trop forte, nous avons ressorti notre tente de trek pour les 1 an de Sébastien, afin de se lancer dans l’expérience des randonnées itinérantes avec bivouac en famille. Nous avons tellement aimé que nous avons souhaité renouveler ces expériences sur une plus grande durée mais avec des sacs plus légers. L’idée de faire une randonnée en liberté avec un âne nous a donc séduit. Notre trek de 5 jours en autonomie avec un âne, début Juillet, sera le premier d’une longue série ! Car passer du temps en famille dans la nature et plus particulièrement en montagne nous rend tout simplement heureux.

5 jours dans le Queyras en randonnée itinérante en famille avec un âne en autonomie

Les étapes

L’organisation

J’ai tendance à passer beaucoup de temps à organiser nos vacances afin que tout soit carré. Mais cette année, en plus d’avoir peu de temps libre pour préparer notre trek, je me suis surprise à rêver d’aventures, partir sans vraiment savoir où aller, sans objectif, juste l’envie de se retrouver en pleine nature. Nous souhaitions également avancer au rythme des enfants, ne pas trop marcher et prendre le temps de jouer, se reposer, s’arrêter et poser la tente pour le bivouac quand l’envie se fait sentir.
La situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés m’as permis d’aller en ce sens. Des petits contretemps nous ont obligé à changer nos plans et nous avons validé le lieu et la date de notre aventure seulement 3 jours avant le départ.
En cherchant un loueur sur internet, nous avons découvert le site de la Fédération Nationale Ânes et Randonnées (FNAR), le réseau des professionnels de la randonnée avec ânes de bât, qui recense plus de 60 âniers adhérents dans toute la France, proposant plusieurs types de randonnées, en liberté ou accompagné. Notre choix s’est tourné vers Queyr’âne, situé à Saint Véran dans le Queyras, par envie de découvrir ce magnifique massif des Hautes Alpes que nous ne connaissions pas encore.
Bon bien sûr, un minimum s’impose quand on part en trek, surtout avec des enfants en bas âge. Alors j’ai quand même pris le temps d’acheter les cartes, regarder les circuits possibles en 5 jours (distance, dénivelé, points d’eau potable et non potable).
Mais même cette préparation n’était pas forcément nécessaire. Nous avons suivi les conseils de Queyr’âne et sommes arrivés la veille de notre randonnée afin que l’ânier nous présente les principes et conseils pour conduire un âne en randonnée :

  • Le comportement de l’âne (comparable à celui d’un enfant fûté de 5-6 ans)
  • Notre attitude à adopter
  • Le bâtage
  • La conduite de l’âne (un âne se pousse mais ne se tire pas, un devant les autres derrière, etc…). Nous avons pu nous entrainer en présence de l’ânier.
  • Les différents cas pouvant se présenter et les mesures de sécurité (les passages délicats, les descentes, le portage d’un enfant etc…)
  • Les soins de l’âne, le repos et la nourriture

Nous avons également validé ensemble un itinéraire adapté à nos envies, les points d’eau présents sur le tour, et même les plus beaux lieux pour planter la tente nous ont été dévoilés !
Puis nous avons ensuite fait connaissance avec l’heureux élu, Hippo, le plus âgé des ânes mais également le plus motivé dès qu’il s’agit de partir en randonnée.

Le poids des charges

Un âne de portage entrainé peut porter jusqu’à 40 kg.

Nous avons récupéré les sacs de portage de l’âne la veille du départ afin de pouvoir nous organiser au mieux et avons répartis les charges de la façon suivante:

*Premier sac : affaires nécessaires au bivouac (tente, sac de couchage, matelas, coussins), nécessaire de toilette
*Deuxième sac: vêtements, nourriture, réchaud et petite vaisselle.

Nous avons ajusté afin d’égaliser le poids de chaque sac juste avant le départ. Chaque sac pesait au démarrage environ 12kg. Nous avons également accroché au bâtage, la douche solaire pour les enfants, que nous remplissions au cours de la journée, le chargeur solaire, le nécessaire pour les soins de l’âne et notre poubelle. Maylie montait sur le dos de l’âne lorsque nous marchions sur des sentiers faciles, sous notre entière responsabilité.
Fabien portait Sébastien dans le sac à dos porte bébé Deuter Kid Comfort 2, ainsi que de l’eau et les langes (18 kg).
Dans mon sac (15 kg), il y avait les affaires pour la journée: repas, eau et les indispensables (trousse de secours, crème solaire, k-way, poncho, matériel de photographie, jumelles, cartes IGN). De temps en temps, j’échangeais mon sac à dos pour porter Maylie dans le porte enfant Rose and Rebellion big kid (18 kg).
Maylie portait son sac de jouets et petit matériel d’exploration pour elle et son frère.

Ou avez vous dormi? Ou vous ravitailliez vous?

La veille du départ, l’ânier nous a indiqué les plus beaux endroits sur notre parcours pour bivouaquer. Nous avons chaque soir planté la tente dans des endroits insolites et splendides (une clairière à l’orée du bois et proche d’une chapelle, un col face aux sommets enneigés, au bord d’une rivière dans une forêt, au bord d’un lac).
Notre circuit nous faisant repasser par notre point de départ le 3ème jour, nous sommes partis avec 3 jours d’autonomie et nous nous sommes ravitaillés en nourriture pour les 2 derniers jours, à notre véhicule.
Nos repas durant ces 5 jours furent peu recommandables. Accordant beaucoup d’importance à une alimentation saine, je m’étais préparée mentalement à cette contrainte, afin de pouvoir lâcher prise.
Nous avons mangé beaucoup de plats lyophilisés, de pâtes et de chips. Mais nous avons quand même réussi à diversifier notre alimentation (soupes lyophilisées, fruits secs et compotes, laitages en gourde), ce qui m’a permis de relativiser.
Quant à l’eau, le Queyras regorge de rivières, de sources et de fontaines. Nous avions pris par précaution des pastilles purifiantes, mais à aucun moment nous avons eu besoin d’en utiliser.

Comment décririez vous la randonnée avec un âne? 

Les principaux avantages à partir en randonnée avec un âne sont, d’une part, de pouvoir lui faire porter une partie de nos affaires. Autant dire que sans l’âne, nous n’aurions pas pu partir plus de 2 jours en autonomie avec 2 enfants en bas âge. Et d’autre part, le lien d’attachement qui se créé avec les enfants et même toute la famille. Nous étions tous heureux de vivre avec un animal de compagnie original pendant 5 jours, et encore plus nos enfants qui se sont beaucoup attachés à Hippo. L’âne nous a également rendu la randonnée plus facile avec Maylie qui pouvait se reposer sur le dos de l’âne quand elle n’avait pas envie de marcher, plutôt que sur le dos de maman.  Il a aussi été source de distraction pour Sébastien, et a motivé Maylie qui menait Hippo lorsqu’elle marchait.

Nous avons également rencontré quelques difficultés qui se sont depuis transformées en bons souvenirs ! Les ânes de Queyr’âne ont l’habitude de vivre en liberté et de ne jamais être attachés, même en randonnée. Dès notre premier campement, nous avons laissé Hippo brouter l’herbe en liberté. Mais après avoir rencontré Clémentine, une ânesse de Queyr’âne, Hippo a fugué deux fois, puis est revenu tout seul après 30 min, pour le plus grand étonnement de notre ânier et pour notre plus grand plaisir !
De plus, il n’a pas toujours été facile de marcher avec Hippo. Contrairement à l’image que l’on se fait d’un âne, nous avons eu aucun problème à faire avancer Hippo. Bien au contraire, notre âne qui adorait randonner, avait tendance à avancer plus vite que notre rythme, et il était difficile pour Fabien de ne pas se faire doubler, surtout lorsque nous souhaitions faire une petite pause. Bien que Fabien aie parfois été contrarié, il n’en garde pas pour autant de mauvais souvenirs et est prêt à recommencer l’expérience.

Quels sont vos plus beaux souvenirs de cette belle aventure pour vous et vos enfants? 

Comme pour tous nos bivouacs, nos plus beaux souvenirs sont l’après-randonnée: le bonheur de se poser, de regarder nos enfants jouer, de jouer avec eux, planter la tente, se baigner dans les rivières et les lacs, dîner dehors face aux montagnes, contempler le paysage, les marmottes, le coucher du soleil, les nuits étoilées. Tous ces moments simples qui nous rendent tellement heureux !

Au lac de la Blanche, nous avons fait la rencontre d’une autre famille randonnant avec un âne, et avec qui nous avons fini notre trek et partagé ensemble nos derniers jours de vacances, pour le plus grand plaisir des enfants et des parents !

Alors même si nous étions contents d’arriver au bout de ces 5 jours pour retrouver un peu plus de confort, notamment des douches à plus de 14 degrés, des bon repas et un vrai lit, nous avons très vite eu l’envie de recommencer l’aventure et avons déjà réfléchi au lieu de notre futur trek l’été prochain !

Recommanderiez vous cette aventure avec un âne?

Oui nous recommandons à l’unanimité cette belle, unique et riche aventure que nous avons vécue. Nous recommandons également notre ânier, Queyr’âne, adhérant à la Fédération Nationale Ânes et Randonnées, passionné par ses ânes, et qui nous a accueilli avec professionnalisme et convivialité.

De plus, le Queyras est un magnifique massif que nous avons découvert pendant notre trek et qui nous a séduit de par la préservation et la valorisation de son patrimoine naturel, sa faune sauvage, sa flore exceptionnelle, ses forêts de mélèzes et prairies verdoyantes, ses nombreux lacs et cascades, ses villages authentiques.

Quels conseils donneriez vous à des parents qui veulent entreprendre leur premier trek avec leurs enfants?

Si l’expérience vous fait envie, osez la tenter!

Afin de prendre confiance et de se rendre compte que ce genre de micro aventure est réalisable et fait le bonheur de toute la famille, je pense qu’il est préférable de procéder étape par étape, en commençant par des randonnées en famille à la journée, des bivouacs à proximité du véhicule, ou bien des nuits en refuges. Ce qui permet également de tester son matériel et de s’équiper au mieux s’y besoin.

Et quelque soit le type de randonnées que nous faisons (à la journée ou avec bivouac), nous essayons de toujours garder en tête qu’avec des enfants, le plaisir ne réside pas dans la performance ou l’atteinte de ses objectifs, mais plutôt dans le partage de moments simples dans la nature.